Très émouvant: Quand l’ambassadeur Oumar Khatab Sokhna revisite les derniers jours passés avec son Grand Père Mawlana Cheikh Ibrahim Niass

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26 juillet 1975 : Le dernier jour de Baye Niasse raconté par l’ambassadeur Oumar Khatab Sokhna.
26 juillet 1975, 26 juillet 2019, il y a 44 ans que disparaissait Baye Niasse au Saint Thomas Hospital à Londres. Son petit fils et disciple, l’ambassadeur Oumar Khatab Sokhna raconte ici son dernier face à face avec le Cheikh.
« Je me souviens que dans ma tendre enfance {8 ans}, un jour, je demandai à Baye : ‹‹ Grand-père ! Mourras-tu un jour ? ›› Il me répondit : ‹‹ mon enfant, toute âme qui goûte à la vie, goûtera à la mort. Où est le Saint Prophète Muhammad? Il est parti. Si ce monde était éternel, le saint Prophète serait immortel. Cher Omar, certes je mourrai un jour ; mais ce jour n’est pas encore arrivé. Je t’en informerai lorsque le moment approchera et c’est une promesse que je respecterai.››
En 1958, lorsque son grand-frère Muhammad Khalifa Niass {RTA} rendit l’âme, alors que je me trouvais à St-louis {Ndar}, je crûs que c’était Baye, comme l’avait rapporté par erreur, la radio. J’eus alors un frisson, en me disant dans mon for intérieur que Baye avait manqué à sa promesse.
Lorsque Baye en a eu écho, il m’appela et me répéta : ‹‹ ne me crois tu pas? Je t’informerai du jour où je rendrai l’âme, in shaa Allah, comme je te l’avais promis.›› En 1975 lorsqu’il s’apprêtait à se rendre à Londres, il appela un de mes amis, du nom de Cheikh Kébé à qui il remit une lettre à me remettre en lui disant : ‹‹ donne le à Oumar Khatab Sokhna ››.
La lettre ne me parvint à Zaire {Congo} où je servais comme diplomate, qu’après mon retour de Londres. Avant l’arrivée à destination de la lettre, Baye m’avait déjà appelé au téléphone, dès qu’il arriva à Londres. C’est alors qu’il me dit : ‹‹ viens me rejoindre, j’ai à te parler ››
A quoi je répondis : ‹‹ je viens immédiatement au Sénégal, vous voir ››. ‹‹ Non je ne suis pas au Sénégal, mais à Londres pour un rendez-vous médical, je rentre bientôt ›› répliqua t-il.
Il me demanda quand est-ce que je pourrais venir à Londres et je lui dis que j’y serai le 5 ou le 6 juillet 1975. Il rajouta : ‹‹ en venant, je te serai gré de m’amener une corne d’ivoire. Je veux le donner comme cadeau au médecin qui s’occupe de moi. Dans la même nuit, je rêvais de Baye me disant : ‹‹ si tu te souviens, je t’avais promis de t’informer de mon retour vers le Créateur. Si tu retardes ton voyage, il se pourrait que tu ne me revois pas, le restant de ta vie ›› .
Dès le lendemain, je réservai un vol pour Londres, où je le rejoignis au St-Thomas Hospital, Lambath. Dès que j’arriva, il me souhaita le bienvenu et fut très content de mon arrivée.
Puis, il me dit : ‹‹ Omar! ne t’avais-je pas dit que je tiendrai ma promesse? ››. L’émotion m’envahit, et je commençais à pleurer. Je me demandais au plus profond de moi, si je devais rester avec lui jusqu’à l’heure fatidique ou si je devais partir, craignant de ne pouvoir supporter la pression. C’est alors qu’il m’appela tout près de lui et posa sa main bénie sur ma tête et écrivit ensuite des arabesques sur mon front. Je lui tendais ensuite mes deux mains pour recueillir ses bénédictions. Je lui disais au revoir car je devais reprendre mon vol retour pour le Zaïre. Je n’avais pas d’autre choix, parce que ne pouvant supporter la douleur de la séparation d’autant plus qu’il venait de m’annoncer la date exacte de son retour à la Miséricorde Divine : le 26 juillet 1975 ».
Source : The Last Journey of Shaykh Ibrahim Niass

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