Leçon du jour: Qu’est ce que c’est un Qutbu zamane (Lanne moy Qutbu zamane ) par Mawlana Cheikh Ibrahim Niass RA
Qu’est ce que c’est un Qutbu zamane
Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux. Qu’Allah prie sur notre Maître Muhammad à la dimension de sa juste mesure et de sa valeur immense.
Le résumé des réponses : je l’ai voulu très bref de peur d’en divulguer les secrets.
Le pôle (Qutb) est une des manifestations (Tadjali) de Dieu, parmi tant d’autres, qui réunit l’ensemble des manifestations.
Le paradis et tout ce qu’il englobe ne sont qu’une des manifestations du pôle, qui, en plus de cela, détient quinze univers qu’il approvisionne et gère. Il tire sa source du sceau (Al-khatm Al-katm) qui est un océan sans rivage ni terme ni fin. Lui aussi puise de la Haqiqa Muhamadiyah au-dessus de laquelle il y’a un océan sans bordure ni fin ni lisière. Ce dernier tire sa source de la présence absolue qu’on ne peut ni localiser ni décrire. Celle-là, non plus, n’a ni fin ni limite et encore moins de terme.
Le paradis, l’ensemble de ses différents degrés, et ses résidents durant toute sa continuité et sa subsistance ne sont qu’une des manifestations du Qutb. Allah dit : « Nous avions proposé le dépôt aux cieux, à la terre et aux montagnes, ils ont refusé de le porter et en ont eu peur, alors que l’homme le porta : celui-ci est très injuste et très ignorants » (S, 33, V, 13).
La deuxième réponse : Sache que la vision de Dieu dans le paradis se produit par la vue (yeux). Celui qui observe Sa noble face, l’accomplit sans intermédiaire comme (s’il fait) face à la pleine lune (Badr).
Il y’aura ceux qui l’observent 70 fois par jour, ceux qui l’observe deux fois par jour, ceux qui l’observent une seule fois par jour, ceux qui la voient une seule fois par semaine et ceux qui, dès qu’ils Le voient, perdent la vie et sont aussitôt ressuscités avec le désir de revoir cette face. Cette vision est plus agréable que toute autre jouissance. Qu’Allah nous l’accorde par Sa bonté et Sa générosité.
Quant au Prophète (PSL), sa vision est à l’image de celle des bienfaiteurs (Muhsinûn) au sein du paradis. Le fait qu’il n’a vu autre qu’Allah est dû à la majesté du volume de ce qu’il a vu et , ce, à la différence de la vision de celui qui est en état d’extinction (fanâ). Donc le Prophète n’a vu autre que Lui. Pourtant, il est resté lucide et cohérent sans la moindre ivresse. C’est pour cela qu’il n’a pas manqué de se souvenir de sa communauté et de prier pour elle.
Quant à la proximité d’Allah avec la créature, il s’agit là de Son existence et de Sa singularité ; d’autant que rien n’existe à côté de Lui, d’Azali Azalill Azal à Abadi Abadil Abad. Et cela n’est pas la station (Maqam) du Prophète (PSL).
Par contre la proximité des créatures vis-à-vis de Dieu se traduit par l’inexistence (de celles-là) face à Son Existence. Tandis que le rapprochement du Prophète vis-à-vis de Dieu est réel et accompagné de la subsistance de sa noble essence. Car Allah, l’Exalté, ne veut rien d’autre que Son bien-aimé Muhammad (PSL).
Quant à la qualité de sincérité, elle n’appartient qu’au gnostique (Arif), car celle-ci consiste à s’écarter de tout sauf d’Allah, dans tout acte voué à Lui, le Très Haut. Et ceci n’est pas réalisable pour celui qui connaît autre que Dieu. Quiconque connaît autre que Dieu est un voilé (Mahjûb) éloigné de Dieu. Que Dieu nous épargne de l’éloignement et du voile !
Quant à la Heuybat (Majesté), c’est un état qui arrive au gnostique (‘Arif) qui s’est consolidé dans la contemplation de la Grandeur d’Allah, contrairement à Al-unsu (intimité). Il en est de même du Qadbu (fermeté) qui est le contraire de l’espoir (Radjâ).
Un gnostique dit : « je suis désireux de Lui ; mais dès qu’il se présente, je baisse la tête pour Sa Majesté… ». Quant à la marche spirituelle (Sayru), elle est la source des connaissances gnostiques, ainsi que l’ascension spirituelle.
La voie pour l’acquérir est de perpétuer la réflexion entre les liens (Nissab) qui sont entre le Seigneurie (Rubûbiya) et la servitude (Ubûdiya) et rien d’autre. Ceci impliquerait l’observance des ordres d’Allah et le respect de Ses interdits. Car celui qui médite sur les attributs du Seigneur, Le désirera. De ce fait, il observera correctement les recommandations et s’éloignera des interdits, de même que celui qui médite su ses caractères personnels.
Quant à la Qutbâniyah : les pôles sont nombreux.
Seulement que le singulier (Fardu) est unique dans chaque époque. C’est de lui que provient la profusion de tous les Ârifîn de son époque, ainsi de suite en ce qui concerne la Qutbâniyah. En effet, ce qu’on entend par la « Qutbâniyah » est relatif au pôle universel. Parfois on attribue ce titre (Qutb) à toute personne ayant reçu un degré ou un état spirituel. C’est pour cela que je t’ai dit que les pôles sont nombreux.
Quant à la connaissance de (son) Maqâm (Station), le Wali (Saint) peut être conscient lui-même ; de même qu’il peut l’ignorer. Ce qui est d’ailleurs plus fréquent. Le moyen de le connaître peut être, par une inspiration, en état de veille ou en rêve ou qu’il l’entend de son Maître, ou du Prophète (PSL) ou bien même d’ailleurs, comme ce fût le cas de Sidi Al-Arabi ibn Sâ-ih (RA). On lui demanda : « es-tu un pôle ? ». Et lui de répondre : « j’ai entendu les gens le dire ».
Quant à la diversité des couleurs, Allah dit : « Et elle est de Ses signes la création des cieux et de la terre, et la variété de vos langues et de vos teints… » (S, 30 ; V, 22). Cela est le pouvoir absolu de Dieu, car toute chose que Dieu créa, il a créé l’inverse, tel que l’homme et la femme, le ciel et la terre, le blanc et le noir, le vert et le jaune, le délicieux et l’amer, le croyant et le mécréant, le bienheureux et le malheureux, la nuit et le jour, le matin et le soir, ainsi de suite…
Cette variété contenue dans l’Homme rend perplexes les esprits des penseurs, mais la perception des signes de Dieu n’est grande que dans les cœurs des Hommes.
En ce qui concerne le pèlerinage que tu m’as décrit, c’est celui des hommes, qu’ils appellent eux-mêmes : « le pèlerinage du pas », il en est de même de sa Ziarra.
Se baser sur la parole du Prophète est une obligation, parce qu’elle ne comporte aucune duplicité (ni devant, ni derrière). Raconte-moi ce qu’il t’a dit à propos de ce serviteur injuste et fugitif que je suis, m’a-t-il mentionné ?
Ah plût le Ciel que tu eusses pensé de moi, lors de ta rencontre avec le Prophète !
Pour ce que je t’ai signalé au sujet du verset : « Et tu verras les montagnes… » (S, 27 ; V, 88), à toi de l’exploiter. Ton frère Ousmane Ndiaye en a révélé ce qui a ébloui les esprits. Dès lors, j’en ai déduit qu’il a découvert le secret du verset. Qu’Allah nous accorde la bonne compréhension par Sa bonté. Amine !
Quant à la prière dirigée par le Prophète (PSL) à la tête des autres prophètes, elle est tangible, effectuée dans leur état corporel et spirituel (leur Ruh). Cela n’empêche pas le caractère obligatoire des rituels, car cette prière n’était pas une obligation (fardât) qui concerne aussi bien le commun des hommes que les particuliers (Khâç) alors que ceux-ci n’ont pas assisté à cette prière.
Les prophètes qu’il a rencontrés dans les cieux, avec leurs différents degrés, sont les mêmes dont il a dirigé la prière sur terre. La puissance d’Allah est encore plus éblouissante que cela.
Ne sais-tu pas que tout le voyage nocturne (Isrà) n’a duré qu’un instant, alors que Prophète est un seul homme. Et ce qu’il en a gardé de secrets est plus que ce qu’il en a révélé : « dis : Allah ».
Pour ce qui concerne l’invocation (Dou-aa), il est permis à l’homme de solliciter auprès d’Allah toute station, et tout ce qui est possible de ce dont il dispose, qui subsiste et qui est infini. Allah dit : « Nous accordons abondamment à tous, ceux-ci comme ceux-là, des dons de ton Seigneur. Et le don de ton Seigneur ne peut être empêché » (S, 18 ; V, 20). La méditation sur le Prophète et la méditation sur les connaissances gnostiques (Ma’ârif) : je ne trouve pas de différence entre ces deux réflexions. Allah l’Exalté connaît mieux.
Lettre écrite avec promptitude par le plus ignorant de la créature de Dieu, Ibrahim fils d’El-Hadj Abdullah Tidjani à Kossy, en l’an 1349H, à deux nuits de la fin du mois Rabi’u Nabawî ; et à Allah appartient la convenance.